L'invention du Passe-Vite

VII

L'INVENTION DU PASSE-VITE

 

A - Les essais et la réussite

« Parvenir, c'est persévérer »

C'est à la fin de 1927 que se situe la point de départ de la réalisation de cet ustensile ménager qui va connaître un succès instantané et durable ; un tel outil faisait manifestement défaut dans l'arsenal de la ménagère et celle-ci lui reconnut sur le champ les qualités qui ont fait sa fulgurante renommée.
En fait, à l'époque considérée, les ménagères utilisaient, pour « passer » les légumes, un égoutoir qu'elles disposaient sur un seau et dans lequel elles écrasaient les matières à passer, avec un pilon en bois. Travail pénible, long et difficile, les matières accumulées dans la rainure circulaire de l'égouttoir échappant à l'action du pilon ; en outre, les anses de cet appareil rudimentaire cédaient facilement et se détachaient sous l'effet de la pression exercée par le pilon.
Victor Simon est immédiatement frappé par l'aspect mécanique de la question ; son esprit inventif entre aussitôt en jeu et il imagine de remplacer l'effort vertical discontinu du pilon par un effort horizontal continu, réalisé par la combinaison d'une hélice actionnée par un bras de levier en forme de manivelle.
Il saisit son carnet de notes et trace rapidement quelques croquis ; il se rend compte qu'il y a là une possibilité remarquable de progrès et que la réalisation est d'ordre mécanique, donc dans ses « cordes » (il a travaillé le fer et est ajusteur !).
Sûr de soi, il ne lâchera plus son idée !
Mais il faut passer à l'étape suivante : réaliser un prototype et lui faire subir l'épreuve d'essais nombreux. C'est alors que Victor Simon s'adresse à un de ses voisins, Richard Denis, qui tant bien que mal, fabrique un premier exemplaire, selon les croquis et les explications de Simon. L'appareil est alors soumis à Madame Simon Pour expérimentations ; les premiers résultats sont très encourageants.
Bien sûr, ce ne fut pas parfait du premier coup ; la première hélice ne répondait pas exactement à la conception de l'inventeur.
De perfectionnements en perfectionnements, on en arrive à fabriquer un appareil qui répond au but recherché et, dès ce moment, Victor Simon décide de faire couvrir son invention par un brevet ; une demande est introduite le 4 février 1928. Le brevet porte la numéro 348610 et est intitulé :
« Mémoire descriptif déposé à l'appui d'une demande de brevet d'invention pour passoire d'action rapide pour légumes et autres comestibles formée par Monsieur Victor Simon. »
Le résumé de ce dispositif, figurant au mémoire descriptif est rédigé comme suit :
« Pour la préparation des légumes et autres comestibles, la conception d'un dispositif servant de passoire, et essentiellement constitué d'un entonnoir d'alimentation avec fond percé et arbre vertical qui est armé d'une partie de vis d'Archimède et adjoint de manchons de retenue ; l'arbre étant terminé par une manivelle et traversant un guidage posé à tenons sur les bords de l'entonnoir ; l'ensemble pouvant se placer sur un seau, saladier, bassin, etc... récepteur des comestibles qui sont poussés par la spire de vis d'Archimède à travers les perforations du fond, et, le cas échéant, coupée, à la sortie, et préalablement à leur chute dans le seau, par un couteau avec écrou à ailettes, et réalisant les divers avantages sus-énumérés. »
Les essais ayant donc été concluants, Victor Simon n'hésite pas un instant à envisager la phase suivante : la fabrication industrielle. Problème considérable... et il faut la foi des apôtres pour se lancer dans une telle entreprise, en partant pratiquement de zéro ! Projet audacieux, mais comme on a l'intime conviction que l'on tient un bon filon, on jette tout dans l'affaire et on va de l'avant ! Immédiatement, quelques prototypes sont réalisés en fer blanc d'abord, avec les faibles moyens disponibles car on manque d'espace, d'outillage, de matières ; la réalisation de chaque ustensile est longue et difficile...

Et cependant, à la foire de Bruxelles de 1928, Ie « Passe-Vite » est exposé et mis en vente pour la première fois. Le stand est bien modeste et bien simple ; on avait eu bien du mal à rassembler une douzaine d'appareils plus ou moins bien finis. Mais la fortune, une nouvelle fois sourit aux audacieux ! Et c'est un grand succès ; une quantité impressionnante de « Passe-vite » (c'est ainsi que la passoire fut baptisée par Madame Simon) furent vendus. Succès accueilli avec la joie que l'on imagine facilement, mais aussi avec grande inquiétude et graves soucis, car on se rend manifestement compte qu'il ne sera pas possible de satisfaire aux commandes ; celles-ci ne seront d'ailleurs jamais livrées, malgré tous les efforts déployés. L'expérience a cependant prouvé à l'évidence que l'ustensile présenté est assuré de trouver une clientèle nombreuse. Reste à s'organiser pour alimenter le marché et passer à la fabrication en série. Et nous voici en 1929 ; avec elle nous abordons les dernières difficultés, et non les moindres ; en vrai, nous atteignons l'année critique. Il reste en effet, une opération très délicate qui n'est pas au point et dont cependant tout dépend pour passer à la phase définitive. Il s'agit de l'étamage ; celui-ci doit nécessairement être uniforme et bien luisant ; de plus il doit être réalisé en un temps très court ; il s'agit là de procédés techniques dans le détail desquels nous ne pouvons entrer ici !
Mais dès 1930, la passe dangereuse est franchie et il n'a pas fallu, comme Bernard Palissy, brûler les derniers meubles pour un dernier essai, mais peut-être Victor Simon l'eût-il fait !

Le mauvais cap passé, la tempête apaisée, c'est le départ en flèche !

Arrivé en ce point de mon exposé, il me paraît extrêmement intéressant de donner une relation des faits établie par une personne qui vécut intimement ces débuts et participa activement à l'élaboration des premières réalisations. J'ai cité Madame Simon. Elle a noté, dans un journal intime, les péripéties marquant l'origine de l'invention et ses premiers développements. Nous lui sommes très reconnaissant de nous livrer ses souvenirs et de nous introduire dans les aspects familiaux et sentimentaux de ces événements mémorables. Cédons-lui la plume :

« Mon mari déborde d'activité : installations d'éclairage électrique, réparations de moteurs, rebobinages d'induits - sa grande spécialité - jusqu'au jour où, ayant décidé de trouver du nouveau, il combine une presse à briques, en fabrique une seule qui lui coûtera très cher et qu'il abandonnera un peu plus tard avec désinvolture quand il aura enfin inventé l'appareil qui devait lui permettre de réaliser son rêve : la fabrication en série, et d'installer, à la force du poignet, une usine appelée à prendre un certain développement. J'ai cité le « Passe-vite ». Il a vu le jour dans ma modeste cuisine de la maison d'école. C'est une histoire assez amusante que j'ai dû raconter souvent, quand quelqu'un s'intéressait aux circonstances de la naissance de l'invention.
- Au cours de la soirée, je faisais la soupe pour le lendemain et j'écrasais les légumes avec un pilon de bois. Il m'arrivait de maugréer, car ce travail, effectué après une journée de classe et les heures de préparation et de correction, était assez pénible pour moi. La passoire en aluminium que j'employais pour cette opération avait les anses placées de telle manière qu'elle « jouait » dans le petit seau émaillé utilisé pour recevoir la soupe. Le soir mémorable de la découverte, je m'étais écriée : « Je ne comprends pas comment on n'ait pas encore inventé autre chose que ce maudit « pilon ». Mon mari me répondit « Je ne comprends pas comment on n'a pas encore trouvé autre chose ! ». Là-dessus, il fait un geste, esquisse un croquis dans son carnet de notes d'électricien, croquis que j'ai gardé précieusement et placé dans un cadre. Ce n'est pas sans un attendrissement mutuel que nous le regardons, quand il m'arrive de le sortir de sa cachette.
Un appareil fut fabriqué à la main, par un artisan tôlier, Monsieur Richard Denis, et je l'essayai. Il fonctionnait parfaitement ! Enthousiasme du mari... et de l'épouse... qui décident de participer à la Foire commerciale de Bruxelles.
Cinq cents commandes sont enregistrées, Comment va-t-on fabriquer ces appareils, alors que la machinerie n'existe pas encore ?
Mais il faut donner un nom à l'enfant, Cette fois, c'est l'épouse qui le trouve et il est adopté. Le « Passe-vite » est baptisé, la cérémonie se déroule dans l'intimité, sans briser la traditionnelle bouteille de champagne. Désormais, le « Passe-vite » fera son petit bonhomme de chemin, connaîtra le succès auprès des ménagères et sera très souvent offert en cadeau aux jeunes mariés.
L'entreprise débuta dans le petit atelier de rebobinage, rue du Polychêne, 125, à Morlanwelz, qui s'avéra bien vite insuffisant, puis elle s'installa dans l'ancienne « Platinerie », sise chaussée Brunehault, à Carnières. La force motrice est fournie par une roue hydraulique actionnée par le courant de la rivière. Très vite, il faut agrandir et l'on décide d'acheter un terrain et de bâtir une usine digne de l'appareil.
Une usine est construite avenue du Centenaire à Carnières appelée alors encore rue Saint-Eloi. Des agrandissements successifs la compléteront. Que dire des difficultés rencontrées... et surmontées par l'inventeur. aussi ingénieux que persévérant ? On dit que le succès grise... S'il en est ainsi, mon mari a été réellement grisé. Sinon où aurait-il trouvé la force nécessaire à l'accomplissement d'une telle tâche ? Et, pour certaines personnes, mon mari est regardé comme quelqu'un qui a eu de la chance. De la chance ! Rien ne le fâche tant que de s'entendre dire : « Vous en avez eu de la chance ! ». Très sincèrement, je pense que la seule chance est venue au moment même où j'ai dit : « Je ne comprends pas comment on n'ait pas encore inventé autre chose que ce maudit pilon ! ... Cette exclamation a été réellement l'étincelle qui a fait jaillir la lumière. Elle a été en quelque sorte l'inspiration. Tout le reste a été la résultante du travail opiniâtre de mon mari. »

Quelle leçon tirer de ce récit émouvant si ce n'est que l'homme qui possède une intelligence active et constamment en éveil est seul apte à saisir l'occasion qui passe ; mais il faudra ensuite qu'il sache la féconder, l'animer, la faire prospérer ! Le réalisateur doit doubler le créateur, ce qui exige un fameux ensemble de capacités et de qualités.

Comme nous venons de le voir, le succès obtenu étant garant de l'avenir, il va falloir s'équiper pour de bon ! Les premiers produits sont fabriqués dans le petit atelier que possédait Victor Simon, mais ce stade est vite dépassé ; si l'on veut créer une fabrication susceptible de répondre à la demande, il faut s'installer sur un plus grand pied. Pour ce faire, Victor Simon s'assure d'abord les services d'un associé, Monsieur Richard Denis ; il prend ensuite en location l'ancienne platinerie et il y crée un embryon d'usine. Il va devoir y livrer une rude bataille ! Jugeons-en.

La force motrice est fournie par un ancien moulin actionné par la Haine ; en hiver, chaque matin, il faut briser la glace pour pouvoir mettre la machinerie en route ! Et dans le temps où notre héros se débat ainsi parmi d'énormes difficultés de fabrication et d'organisation commerciale, voilà qu'il doit se défendre, déjà, contre les prétentions émises par un quincaillier des environs, avide de mettre le grappin sur cette « poule aux oeufs d'or », en exigeant que lui soit concédé le monopole de vente des appareils et ce, sous menace de boycottage ! Il aura à subir bien d'autres tentatives de torpillage de la part de concurrents jaloux et de « requins » toujours prêts à s'approprier le fruit du travail et de l'intelligence d'autrui.
Tout semble alors se liguer contre l'inventeur et il lui faut une dose peu ordinaire de courage, de ténacité et de foi pour persévérer dans de telles conditions et pour triompher de tant de difficultés techniques dues aux moyens rudimentaires initiaux, aux installations sommaires et aux conditions pénibles de travail.
Mais une fois vaincue et dépassée cette phase de démarrage, l'entreprise va connaître un essor remarquable et atteindre rapidement un haut degré de prospérité.
En effet, à ce jour, plus de cinq millions de « Passe-vite » ont été fabriqués et vendus et le rendement ne faiblit pas. S'il y eut comme en toute entreprise, des « pépins », par contre de gros ennuis virent le jour pour assurer les droits afférents au brevet. Nous avons dit déjà que de nombreux procès ont dû être intentés à des contre-facteurs et concurrents déloyaux, tant belges qu'étrangers. L'un de ces procès a duré 10 ans, contre une firme étrangère qui, copiant sans vergogne le « Passe-vite » en a fabriqué plus de 15 millions.
Madame Simon s'exprime comme suit, dans son journal intime, à propos de ces procès : « Et cependant, les nombreuses difficultés techniques ne furent rien, comparées aux ennuis causés par les procès engagés pour la défense de son brevet ; cela, mon mari l'a très souvent répété : la contrefaçon est la rançon du succès. Très vite, les contrefacteurs ont surgi de toutes parts.

Modeste inventeur, vous croyez vous protéger en prenant un brevet d'invention dans votre pays ! Bientôt vous apprendrez à vos dépens, que vous devez en prendre aussi dans tous les autres pays ! Tant pis pour vous si vous ne disposez pas des fonds nécessaires pour faire breveter votre invention en tous pays et commencer la fabrication dans les délais légaux. D'autres que vous, moins honnêtes et plus astucieux, s'approprieront les fruits de votre travail et vous copieront servilement.
Si grandes, si nombreuses furent les difficultés occasionnées par les procès intentés aux contrefacteurs que, pour son « maiden speech » au Rotary-Club, en avril 1951, mon mari a choisi ce sujet : - Quelques réflexions sur les brevets d'inventions -. Cet exposé a surpris et intéressé pas mal de rotariens et a été très apprécié. On lui a décerné la cote de 85 %. Après la visite de l'usine, on lui a décerné la cote de 100 % !
Au début de l'action qu'il intenta contre son premier contrefacteur, mon mari alla demander à l'avocat Morialmé, de Marlanwelz, de s'occuper de cette affaire. Maître Morialmé lui rêpondit que « ce procès allait prendre une telle envergure qu'il n'osait s'en charger ! ». Mon mari en resta tout étourdi ! Il s'adressa alors, sur mes conseils, à Maître René Marcq, une des sommités du barreau belge, Maître Marcq, originaire de Carnières, accepta de se charger du procès ; plus tard, il le remis entre les mains de Maître Hanssens, son collaborateur.
De toute façon, le « Passe-vite » fut toujours une « bonne vache à lait » pour les tribunaux, en France surtout. Valenciennes, Douai, Amiens, Paris, Lyon, Dijon, furent les étapes d'un réel calvaire pour mon mari. Il assista à toutes les audiences qui s'êchelonnèrent sur une période de 20 années, période correspondant à la durée de validité des brevets d'invention. Dans ce labyrinthe compliqué de ce que l'on convient d'appeler la « Justice », mon mari s'est égaré bien souvent. Lui-même, qui avait minutieusement étudié les dossiers, avait fini par ne plus s'y retrouver ?
Aussi, lorsqu'il passe devant un « Palais de Justice », il ne manque jamais de traduire sa pensée par ces mots : « Palais d'Injustice » devrait-on dire ! »

Combien cette amertume est compréhensible et combien nous sentons, avec Madame Simon, la révolte qui devait animer un homme aussi droit et correct que son mari !

B - L'usine

Pour en revenir à l'usine actuelle, il nous faut noter que le Marché commun, dans ses implications et les lois sociales qui réduisent de plus en plus les marges bénéficiaires, ne manque pas de susciter d'autres soucis. Mais l'entreprise est saine, bien gérée et prospère ; un climat de confiance règne entre la Direction, les cadres et les ouvriers. Le personnel au travail compte actuellement quelque 40 membres.
Madame Simon, dans ses notes personnelles rapporte que : « La guerre 1940 -1945 allait obliger, faute d'étain, à lancer un autre article pour permettre de garder l'usine en activité. C'est alors que l'on fabriqua une balance automatique avec curseur, parfaitement mise au point, d'ailleurs, mais dont on cessa la production des que l'étain revint sur le marche belge. Raconter cette période tiendrait de la gageure. Qu'il me suffise de dire que l'usine occupa tous ses ouvriers et, au prix de quelles difficultés, empêcha ainsi ses travailleurs d'être réquisitionnés pour le travail en Allemagne et éloignés de leurs familles. Jamais elle ne fournit un seul appareil à l'occupant qui avait cependant passé d'importantes commandes destinées à l'armée (modèle pour cantines). »
Et cet exposé de soucis d'un tout autre ordre nous prouve, s'il en était encore besoin, que Victor Simon a su conduire sa barque à travers les pires écueils, sans jamais faillir au Devoir et à l'Honneur.

Les souvenirs de Madame Simon portent aussi sur certains aspects plus techniques lorsqu'elle écrit : « Mais il sera plus agréable de revenir au côté technique de l'entreprise et de constater que, là aussi, l'affaire allait prendre une envergure que n'avait pas prévue son promoteur. Je n'oublierai jamais la réponse que fit un jour mon mari à une question que lui posait mon frère sur ses projets de fabrication : « Un modèle, une grandeur, comme chez Ford ! ... Que de fois on l'a taquiné au sujet de cette réponse ! Il est vrai que, pendant deux ou trois ans, l'usine ne sortait qu'un modèle, qu'une grandeur. Ce modèle répondait parfaitement aux besoins de la clientèle belge. Lorsqu'on aborda le marché français, il fallut diminuer la grandeur, puis, par voie de conséquence, le modèle ; on créa alors le modèle à manche. Ensuite, on fit des appareils plus petits et l'on fabriqua un « Passe-vite » jouet.
Mentionnons aussi le grand modèle pour restaurants et cantines qui se vend avec un trépied ; en ces dernières années, l'usine a fabriqué d'autres appareils dérivés du « Passe-vite » : une râpe à légume et une « persillette ». Comme on est loin de la formule « un modêle, une grandeur, comme chez Ford ! »

Devant une telle réalisation, menée à bien contre vents et marées, on reste confondu quand, par la pensée, on se reporte aux débuts, au point de départ ! Que de chemin parcouru depuis les temps où le petit Victor, à l'âge de 12 ans, peinait à ramasser des gaillettes sur les terrils, habile à parer les blocs de schiste dégringolant du haut. C'est à la force du poignet, servi par une volonté tenace et une intelligence constamment en éveil, qu'il a su forcer le destin et, avec un courage tout simple et tout modeste, se frayer un chemin vers un brillant sommet.

Il fait honneur aux « petites gens du peuple » comme il fait honneur à ses concitoyens, dont beaucoup n'en ont pas conscience.

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