Profil

I ­ Mythes et réalités d'une invention

 

A ­ LE PROFIL DE DEUX INVENTEURS

 

1 ­ Jean Mantelet, un inventeur reconnu

Jean Mantelet, fondateur de Moulinex, est l'inventeur consacré du moulin à légumes. Ce grand patron aux allures de père tranquille, aimait se présenter en « modeste inventeur du concours Lépine » (gagné en 1934).

Il est né en 1900 à Rosny-sous-Bois dans un milieu modeste, mais inventif : son grand-père, petit artisan, avait déposé un brevet pour des bas à varices, et son père avait mis au point des articles d'hydrothérapie, une mentonnière, une ceinture sportive et plusieurs accessoires pour la douche. C'est le monde des jardins ouvriers, des petits ateliers mais aussi des premières grandes usines qui commencent à transformer en profondeur un paysage encore très marqué par son passé rural. Le père de Jean possède une petite fabrique de sulfateuses.

La séparation du couple en 1903 va bouleverser la destinée de Jean, c'est le début d'un long apprentissage : il rentre à 12 ans comme commis dans une bonneterie de la rue de Rivoli. La guerre fait fermer la boutique où il semblait avoir un avenir tout tracé.

En 1920, le jeune homme entre dans l'atelier que son père a ouvert à Belleville : colliers de douche, masseurs hydrofuges, pompes à eau, la petite entreprise fabrique toutes sortes d'objets qu'elle vend chez les quincailliers de Paris et sa banlieue. Jean ne tarde pas à s'opposer à son père qui refuse de développer son affaire.

En 1922, il débauche le meilleur ouvrier de son père et ouvre dans le quartier de Botzaris de Belleville, un atelier de 40 mètres carrés spécialisé dans la fabrication de pompes à main et pulvérisateurs agricoles qu'il vend l'hiver chez les quincailliers et l'été dans les foires agricoles de l'Ouest de Paris. Prospère, le petit atelier l'est sans conteste. Mais Jean Mantelet aimerait reconvertir l'atelier en fabrication de petits articles ménagers à main. Son beau-frère et associé refuse, Jean fonde sa propre entreprise en 1929.

Le 13 mai1929, au numéro 11 de la rue Jules Ferry, en plein cur de Bagnolet, il s'associe à un ingénieur de renom, René Boucher, et ouvre dans un hangar de 100 mètres carrés un atelier d'emboutissage.

Les débuts de la Manufacture ne sont pas faciles. A partir du milieu de l'année 30, la crise économique mondiale touche la France, la production industrielle accuse un fléchissement sensible tandis que le chômage fait son apparition. Premières victimes de la dépression naissante : les classes moyennes urbaines, qui constituent le principal débouché de Jean Mantelet. La mise en uvre est aussi handicapée par la diversité des productions : Jean Mantelet s'est lancé dans la fabrication d'une large gamme d'objets sans beaucoup se préoccuper des débouchés possibles. Autocuiseurs, aspirateur à pompe, épluche-pommes de terre, coupe-légumes, râpes, sans compter des pompes pour laver les voitures et des sulfateuses. Ces appareils hétéroclites, vendus trop chers et sans originalité ne trouvent guère en ces temps de crise preneurs.

A la Manufacture de Bagnolet, il manque assurément un appareil vraiment innovant, répondant à une demande et capable d'asseoir durablement son développement.

 

2 ­ Victor Simon, un inventeur méconnu

Le moulin à légumes est aussi une histoire belge sous le nom de « passe-vite », avec un inventeur resté dans l'ombre de l'histoire : Victor Simon.

Né à Carnières (Belgique) le 22 mars 1888, dernier d'une famille de cinq enfants, le petit Victor est très tôt orphelin de mère. Son père est ouvrier de surface dans un charbonnage. A 10 ans, il est porteur de briques. A 15 ans, obligé par son père, il descend dans la mine. Puis, il se dirige vers l'industrie de fer où il occupe successivement les emplois d'aide forgeron, boulonier, monteur de locomotives, aide-ajusteur. En 1912, il travaille aux Ateliers de construction électriques de Charleroi où il est monteur.
Il apprend en outre l'acquisition de tours de mains, l'établissement de croquis, la réalisation de câblage et l'installation de divers types d'appareils électriques.

A 18 ans, il entre à l'Ecole Industrielle de Morlanwelz où il obtient son diplôme d'électricité industrielle. En 1921, il monte son atelier : il s'occupe de placement d'éclairage et de réparations de petites installations motrices. Peu à peu, il procède à l'installation de moteurs chez des particuliers puis pour le compte de petits industriels. Il ajoute bientôt le rebobinage des gros moteurs.

Une invention va changer la destinée de cette usine.


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